Une occasion manquée pour un élevage digne
BERNE – L’électorat suisse rejette l’initiative contre l’élevage intensif. Le comité d’initiative prend acte de cette décision mais constate que ce résultat est une occasion manquée pour une réforme durable de l’agriculture vers un système plus respectueux des animaux et des ressources naturelles. Une acceptation de l’initiative aurait créé les conditions-cadres urgemment nécessaires à un changement de paradigme, permettant à l’agriculture d’être plus adaptée à la topographie de notre pays.
Financée à hauteur de plusieurs millions, l’opposition a su convaincre les votant·es en attisant les peurs. Pour Julia Huguenin, coordinatrice de la campagne en Suisse romande, il est clair que : « Aujourd’hui, nous avons manqué l’opportunité d’un véritable changement de système, qui s’éloigne de la maximisation des profits au détriment des animaux, des humains et de l’environnement. Avec un peu plus de courage, nous aurions pu être le premier pays à abolir l’élevage intensif, ça aurait été sensationnel ! » Le résultat de la votation est également le fruit de la stratégie douteuse de l’industrie, qui s’est opposée bec et ongles à la publication de photos prises dans de grandes exploitations. « Si les gens avaient vu les véritables conditions de vie dans les élevages industriels, le résultat aurait été différent », affirme avec certitude Lucia Arnold, membre du secrétariat de campagne.
Le rôle contestable de la Confédération et de l’industrie
La campagne de l’opposition a été mise en difficulté par nos arguments et n’a eu d’autre choix que de recourir à la peur comme facteur de mobilisation. L’initiative a été présentée comme inutile et extrême. Les importations bon marché et les rayons vides ont été agités comme repoussoir pour attiser les craintes des consommateur·ices. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et la Chancellerie fédérale ont également joué un rôle douteux. Dans le livret de vote, des chiffres problématiques, voire carrément faux, ont été cités à plusieurs reprises. Parmi ceux-ci, « l’arnaque du calcul UGB » grâce auquel 78 % des animaux d’élevage auraient soi-disant un accès à l’extérieur. En réalité, seuls 12 % des animaux élevés en Suisse peuvent sortir en plein air. Pour Lucia Arnold, cette torsion de la réalité est un scandale : « Cette tactique visant sciemment à induire l’électorat en erreur montre que l’opposition sait parfaitement que les arguments ne jouent pas en sa faveur. »
La responsabilité incombe désormais à la grande distribution et au monde politique
Le monde politique a maintenant d’autant plus de responsabilités. Le débat public mené durant la campagne sur l’initiative contre l’élevage intensif montre qu’il est grand temps de mettre en place une politique agricole progressiste et qui garantisse de manière conséquente le bien-être des animaux d’élevage. Actuellement, le statu quo se trouve renforcé et la politique passe à côté des problématiques soulevées par l’initiative. Julia Huguenin en est convaincue : « La campagne en faveur de l’initiative contre l’élevage intensif a permis de lancer un débat qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Elle a également montré que les conditions d’élevage en Suisse sont massivement enjolivées par l’industrie. Il s’agit maintenant de faire suivre les affirmations rassurantes de l’opposition par des actes. Pour qu’à l’avenir, la loi suisse sur la protection des animaux mérite vraiment sa réputation et que tous les animaux puissent sortir en plein air. » La grande distribution doit aussi enfin assumer ses responsabilités. Malgré leur rôle charnière dans le système industriel, les grandes enseignes se sont systématiquement tues pendant la campagne. Elles pourraient pourtant contribuer de manière déterminante à ce que leurs images publicitaires coïncident enfin avec la réalité.
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